Article intéressant de Jérome Plantevin dans la dernière édition du journal Les Affaires: Les blogues, une affaire de professionnels. Malheureusement, il n’est pas accessible sur le site LesAffaires.com; impossible donc de pointer vers lui. Probablement qu’il ne paraîtra que sur le blogue de Jérome; vaudra mieux pour vous l’attendre là.
L’article montre l’arrivée de blogues d’information (ou regroupement de blogues) viables commercialement; certain blogue profitant d’une puissance d’achalandage suffisante pour prendre leur place dans le marché publicitaire.
Deux réflexions en marge de ma lecture de cet arcticle.
a) Une citation:
Le monde des blogues se professionnalise: il devient de plus en plus l’affaire de spécialistes et non plus d’amateurs.
Je ne suis pas certain de l’interprétation que Jérome Plantevin voulait donner à cette phrase. Le phénomène s’appuie à la fois sur le renversement radical opéré par le Web (depuis le tout début) dans le processus d’édition, et l’accélération de cette nouvelle réalité grace au développement des nouvelles générations d’outils d’édition Web. Éditer un imprimé (livre, magazine, journal, etc.) est un processus lourd, long, couteux et complexe. L’espace entre le lecteur et l’écrivant est peuplé d’intermédiaires indispensables (éditeur, imprimeur, correcteur, libraire, bibliothécaires, comptables, etc.); l’écrivant doit obligatoirement s’adresser à un marché… avant de s’adresser à un lecteur.
Le Web a réduit les intermédiaires entre l’écrivant et son lecteur. Qu’il soit diariste, ou journaliste, expert ou commentateur, le Web rend possible la rencontre directe avec le lecteur (soit-il unique ou nombreux) avec un minimum d’intermédaires (constemmant réduit avec la simplification des outils de publication Web). Aujourd’hui par le Web, l’édition peut se faire avec un minimum d’intermédaires et un minimum d’effort d’apprentissage. Le marché vient après; le marché n’est pas (ou n’est plus) l’objectif du processus d’édition (je peux publier pour moi, ma famille et mes amis, si je le veux).
Dans ce que Jérome Plantevin appelle professionnalisation, j’y vois l’émergence de la notion de marché chez les blogues (marché de lecteurs, lecteurs-cibles, marché publicitaire, etc.).
Dire que les blogues se professionnalisent, tel que Jérome Plantevin l’écrit peut laisser suggérer qu’une nouvelle génération de blogueurs professionnels vient remplacer les blogueurs actuels (j’avoue que je ne sais pas si c’est l’idée de Jérome ou juste une interprétation qu’on peut en tirer). Depuis plus de 10 ans, des professionnels et experts de toutes spécialités utilisent pleinement le Web pour livrer recherche, réflexion, analyse, que des rédacteurs talentueux alimentent leurs lecteurs. C’est plus les conditions de marché qui évoluent.
b) Autre citation :
La professionnalisation de la blogosphère touche aussi les médias traditionnels qui, pour la plupart, ont lancé des sections de blogues sur leur site Web
Nos médias se sont mis aux blogues, ils y ont mis des professionnels… mais est-ce pour faire du journalisme ? J’ai souvent plus l’impression que les journalistes professionnels font aujourd’hui plus d’humeurs, d’anecdotes, d’éditoriaux, de commentaires. Comme si justement le blogue n’était que l’à-côté de leur job, l’information. Si on exclut Radio-Canada et quelques exceptions, les blogues de nos médias se confondent souvent aux chroniques. Intéressantes peut-être, fait de gens talentueux, des vedettes même de surcroît. Mais ceux-ci restent à la frontière de l’information. Non pas que ce soit mal de faire de la chronique ou de l’humeur, mais les blogues ne semblent pas avoir acquis sa place dans la chaîne de production de l’information.
Comme si les blogues faisaient plus partie de la stratégie marketing des médias en ligne que de leur stratégie d’information.