(Crédit photo: Jay Wennington)

Le plan numérique, c’est NOTRE responsabilité

Dans mon précédent billet, j’ai lancé l’idée d’une consultation parallèle à la démarche du gouvernement du Québec, pour tenter de nous doter d’une vision plus large des enjeux actuels posés par le numérique. Le gouvernement du Québec a plutôt fait son choix de faire une consultation morcelée. Je ne crois pas que ce soit la meilleure façon pour arriver aux solutions les plus structurantes, mais au moins il bouge. On ne va pas s’en plaindre. On ne peut que lui souhaiter la meilleure des chances.

Par contre, si nous voulons avancer dans le sens que nous, c’est à nous, artisans du numérique, de faire notre bout. Il serait nettement le temps d’assumer nos responsabilités plutôt que d’attendre que tout nous tombe du ciel.

C’est récurrent depuis plus de 10 ans, chaque fois qu’on pense qu’un plan numérique va nous être pondu spontanément par le gouvernement, c’est le coup de massue. Et la ronde des billets de blogue qui recommence, des prises de position, des regroupements. Puis chacun retourne à ses affaires pressantes et la pression baisse. C’est cyclique. Le seul gagnant de cette mauvaise histoire, c’est le cynisme ambiant.

Je trouve essentiel que le Québec se dégage cette vision commune de notre avenir numérique, d’un Plan. Pas tant pour le chapelet de mesures et d’actions, mais pour la stratégie, pour la compréhension, pour les objectifs qu’ils fixent à une démarche. Un médecin ne poserait jamais un geste sans faire un diagnostic au préalable, par la suite les gestes suivront. De la même façon, un plan numérique doit précéder les programmes et même les principes. C’est la vue d’ensemble obligée.

Je ne jette toutefois pas la pierre aux seuls gouvernements qui se sont succédé à l’Assemblée nationale si nous n’avons pas de plan numérique. Le milieu numérique du Québec a sa large part de responsabilité. Nous sommes sans doute coupables de trop de mollesse dans nos convictions, coupables de n’avoir pas tenu nos promesses d’action, coupables de n’avoir pas toujours su maintenir le fort.

Je crois que le gouvernement sera capable de prendre acte des urgences numériques, le jour où nous-mêmes serons capables de bien l’expliquer et de mobiliser autour de certaines pistes de solution.

Résigné, jamais. Ni étonné, ni consterné, ni abattu. Juste bien décidé à travailler à faire que les choses se passent.

Je réitère donc l’invitation à m’écrire si vous souhaitez embarquer dans ce projet.

(Crédit photo: Jay Wennington / unsplash)

Se retrousser les manches

En septembre 2014, avait lieu le Forum des idées pour le Québec organisé par le PLQ sur le thème « Vivre l’innovation ». On nous laissait entendre que l’avenir numérique était à l’agenda du nouveau gouvernement, qu’une vision était en gestation et prendrait forme bientôt. Pourtant, vendredi dernier, M. Couillard nous annonçait « le lancement des consultations sur l’économie numérique » auprès des entreprises québécoises, ainsi que la création d’un groupe-conseil qui accompagnera le ministère dans l’élaboration de la feuille de route en économie numérique, que le gouvernement veut prendre son temps, car l’industrie se porte bien, et qu’il ne voudrait pas faire de dégâts « en arrivant avec ses grosses pattes ».

Fin 2015, nous n’avons pas de plan numérique. Stupeur même, le gouvernement ne parle plus de plan numérique pour se concentrer plutôt sur des « feuilles de route » sectorielles limitées. Comme si la stratégie numérique n’était plus à l’ordre du jour; comme si nous pouvions faire l’économie d’une telle stratégie. Un chapelet de petits pas fait place au plan tant attendu et exigé depuis des lustres.

Que dirions-nous d’un gouvernement qui mettrait en place une feuille de route pour la construction d’un nouveau pont sans faire la réflexion au préalable d’une politique du transport, ou d’un hôpital avant de définir sa stratégie en matière de santé?

Cette tactique-des-petits-pas est un aveu d’impuissance de la part du gouvernement face à des enjeux qu’il n’a pas été en mesure de comprendre. Des enjeux qui lui font tout aussi peur que l’ensemble du développement informatique gouvernemental qui croule depuis des années sous le poids d’une impuissance chronique.

Cette tactique-des-petits-pas reflète une définition restreinte du numérique. On parle ici de l’économie numérique comme si l’urgence se limitait à la faible place de nos entreprises dans le commerce électronique ou au besoin en crédits d’impôt et en rayonnement de nos entreprises spécialisées en développement numérique. Non, le numérique c’est plus. Le numérique ne se limite pas à l’informatique, au web, à la technologie. Le numérique n’est pas qu’une affaire de médias sociaux ou de commerce électronique. Le numérique touche tous les aspects de la vie.

Un monde en mutation

Le monde est en mutation. Chaque jour de nouveaux petits et grands changements. Dans nos poches, nos appareils téléphoniques nous donnent un accès à une base de connaissance plus vaste que jamais les meilleures bibliothèques ne pouvaient rêver offrir; là, maintenant au bout de nos doigts. Nos façons de lire, de s’informer, d’écouter la musique ont changé. Nos façons de voyager, de se déplacer toujours différentes à chaque fois. Les modèles d’affaires sont virés sens dessus dessous pour tenir compte des nouvelles façons de garder contact avec les clients. Des entreprises solides disparaissent le temps de le dire au profit de nouveaux empires instantanés. Rien n’échappera à la mutation en cours. Nos économies, nos organisations de santé, nos institutions d’enseignement, nos lois, nos services publics seront mis sous pression tour à tour.

À travers le monde, les gouvernements sont interpellés afin que ces mutations se fassent dans le respect des conventions démocratiques, des principes d’équité et de justice, que les nouvelles formes de création de valeurs se fassent au bénéfice de la société et non pas seulement au profit d’un petit nombre, et que les nouvelles pratiques émergentes ne menacent pas l’équilibre fiscal nécessaire au maintien de la protection sociale et du patrimoine culturel commun.

Le milieu numérique du Québec tente depuis des années de faire pression auprès du gouvernement provincial pour qu’il prenne acte des changements sociaux en cours et qu’il assume lui aussi, comme ailleurs, son rôle de phare. Mais l’annonce de la semaine dernière s’apparente plus à un déni de réalité et du tâtonnement au hasard. On est loin des actions structurantes qui nous permettraient de passer à travers la tourmente.

Pourtant le Québec recèle de compétences dans tous les aspects du numérique: un entrepreneuship numérique vigoureux (malgré les difficultés liées à l’étroitesse du marché); un foisonnement de startups; des chaires universitaires spécialisées tant sur les aspects sociaux, juridiques, économiques du numérique que sur des thèmes aussi pointus que le Big Data; des spécialistes en santé et en éducation. Compétences, spécialistes, réseaux, bien au fait de l’évolution de la société et des expériences réalisées dans les autres pays occidentaux. Un milieu mature et dynamique capable d’aider le gouvernement à voir plus clair dans ce qui se profile à l’horizon.

Si la consultation proposée par le gouvernement conduit à des propositions ou des actions, tant mieux. Cependant, se limiter aux seules questions posées par l’économie numérique, c’est de s’imposer une vision restreinte de cet horizon. La lutte de l’industrie du taxi contre Uber est un bel exemple; on ne peut pas éviter cette collision simplement en demandant à l’industrie du taxi d’être plus efficace et en resserrant la réglementation. La crise dépasse les taxis et Uber; elle traverse à tour de rôle l’ensemble des industries et des façons de faire. Une nouvelle chaîne de création de valeurs émerge et change radicalement l’économie.

En limitant tel qu’il le fait sa consultation, il n’aura même pas les outils nécessaires pour poser un diagnostic efficace de ce qui devait être sa priorité.

Se retrousser les manches

Nous avons le savoir-faire, la compétence, il ne manque peut-être qu’une volonté commune d’aller jusqu’au bout de la réflexion. Si elle ne vient pas du gouvernement, peut-être est-il temps pour la société civile de se mobiliser pour aider notre gouvernement à prendre acte de l’urgence, et à l’aider à assumer le leadership que lui seul peut porter.

Lorsque voilà quelques années, les premiers activistes de l’open data expliquait l’importance de cet outil pour améliorer la vie démocratique, ils prêchaient dans une mer de scepticisme et d’incompréhension. Aujourd’hui, l’open data commence à s’implanter; plus aucun politicien digne de ce nom ne peut prétendre qu’il ne s’agit pas d’une voie d’avenir.

Le chemin tracé par ces activistes de l’open data est une inspiration. Devant l’inertie du gouvernement, il est sans doute temps pour nous d’arrêter d’attendre que le gouvernement bouge. Nous devons, à notre tour, sensibiliser, mobiliser, expliquer, agir, démontrer les enjeux de la société numérique que se construit autour de nous. Peut-être réussirons-nous à capter un jour l’intérêt du gouvernement.

Il est trop tard pour attendre encore plus longtemps, il est maintenant temps de se retrousser les manches. Ensemble.

Que diriez-vous pour débuter d’une consultation parallèle qui chercherait à élargir notre compréhension des enjeux du numérique?

Qui embarque ?

Le plan numérique tel que vu par le PLQ

Trouvé au hasard des hashtags sur Twitter, un document très intéressant qui préfigure ce que devrait être le cœur du Plan numérique pour le Québec que nous offrira la gouvernement du Parti Libéral sous peu. Il s’agit du cahier du participant – Conseil général 2014 (PDF) du PLQ intitulé Innover pour mieux gouverner.

Ce document aurait fait l’objet de discussion entre les membres présents à cet événement tenu durant le week-end du 18 octobre.

Je suis très surpris que la circulation de ce document n’ait pas fait plus de bruit, surtout de la part de tous ceux qui attendent ce plan numérique depuis si longtemps. Ni émoi, ni cri de joie, ni déception. Seul Branchez-vous en a parlé, à ce que je sache.

Pour en faciliter la lecture, je vous ai extrait, de ce document d’une cinquantaine de pages, les résolutions du Conseil qui concernent plus directement le Plan numérique.

Ce que j’en pense ?

1) Ce n’est pas mauvais; loin de là. C’est un premier pas dans la bonne direction. Vaut mieux une direction même timide que le néant et le laisser-aller comme horizon. Entendons-nous, ce n’est pas avec ce projet d’intention que nous allons révolutionner le monde. On sent toujours en filigrane cette interprétation superficielle du numérique, dans sa seule dimension technique et non dans la portée sociale qu’elle implique (changement de modèle d’affaires et de rapports entre les gens et les choses). Mais ce document a le mérite d’être un premier geste politique depuis des lunes. Ce qui est de bon augure.

2) Il est certain qu’il faudra attendre de voir comment ce cahier de résolutions se traduira en vision politique et comment le gouvernement exprimera cette vision en actions, en investissements, en ressources.

Le plus grand défi en effet n’est pas tant dans la rédaction d’intentions, mais dans leur opérationnalisation. On peut avoir le meilleur plan du monde et ne rien en faire. On se rappellera les efforts du député Henri-François Gautrin pour faire bouger le gouvernement du Québec (Gouverner ensemble, 2012 (PDF) – et Vers un Québec branché pour ses citoyens 2004 (PDF) ) qui sont restés sans grande suite. Lorsque la volonté politique est timide ou imprécise, les gestes le seront tout autant.

Les défis du gouvernement en matière de numérique sont immenses surtout lorsqu’on veut y inclure le fonctionnement de l’appareil gouvernemental qui n’aime pas se faire bousculer dans la douce quiétude de ses règles bureaucratiques. Et se contenter de maquiller son manque d’imagination et d’innovation dans un nouveau vocabulaire à calories vides (à coup de gouvernance numérique par exemple) ne suffira pas.

La réussite d’un tel plan tiendra plus dans la mobilisation des différents milieux impliqués et du nombre et de l’étendue des chantiers qui seront ouverts. Si le plan n’est pas suivi par une prise en main des différents acteurs, les suites seront décevantes. Si, au contraire, les acteurs économiques, ceux du gouvernement, les investisseurs, les universitaires, les startups, les citoyens, sont mobilisés, alors tout est possible. Nous attendrons donc la suite… en gestes et en impacts.

Bonne lecture et surtout partagez ce que vous en pensez!

Axe 1. Plan global de gouvernance numérique ouverte et intelligente

IL EST RÉSOLU QUE

1. L’ État québécois se dote d’un plan global de gouvernance numérique ouverte et intelligente en

1.1 Adoptant sa première Loi sur la gouvernance numérique ouverte et intelligente qui :

  • Définit et établit les principes devant guider la gouvernance numérique ouverte et intelligente
    pour le gouvernement du Québec;
  • Engage périodiquement le gouvernement à consulter la population dans le cadre de l’élaboration
    d’une stratégie de gouvernance numérique ouverte et intelligente;
  • Crée un véhicule de coordination pouvant prendre la forme d’un secrétariat à la gouvernance
    numérique ouverte et intelligente relevant directement du premier ministre du Québec en
    réutilisant les ressources déjà existantes de manière à réaliser des économies substantielles
    dans la gestion des ressources de l’État;
  • Rend le premier ministre responsable de déposer la stratégie gouvernementale de gouvernance
    numérique ouverte et intelligente à l’Assemblée nationale et d’en présenter périodiquement le
    bilan;
  • Demande aux ministères et organismes visés de réfléchir et d’identifier les actions qu’ils mèneront
    pour contribuer à l’atteinte des objectifs gouvernementaux de la stratégie et de rendre compte
    annuellement au secrétariat des résultats de leurs démarches;
  • Institue des mécanismes d’évaluation et de reddition de comptes en matière de gouvernance
    numérique ouverte et intelligente afin de mesurer les progrès accomplis en:

    • adoptant un système d’indicateurs;
    • créant un poste de commissaire à la gouvernance numérique ouverte et intelligente, relevant du bureau du Vérificateur général du Québec, afin d’assurer une évaluation externe et transparente des dépenses effectuées en matière de gouvernance numérique ouverte et intelligente et de l’atteinte des résultats.

1.2 Travaillant à ce que toutes les régions du Québec puissent être desservies par un service d’Internet haute vitesse de qualité et abordable.

1.3 Investissant dans ses ressources humaines afin d’augmenter l’expertise à l’interne en matière de gestion des ressources informatiques et informationnelles et en matière de gestion de projet et d’implantation de systèmes informatiques de façon à effectuer des économies en diminuant la nécessité d’avoir recours à des ressources externes plus coûteuses et en améliorant la capacité du gouvernement d’évaluer ses besoins réels et le coût estimé de la réalisation de ces projets.

1.4 Faisant en sorte que soient intégrés dans tous les appels d’offres du gouvernement touchant les ressources informatiques et informationnelles des critères d’interopérabilité et en adoptant une pondération favorisant le logiciel libre et le logiciel élaboré au Québec lorsqu’ils sont disponibles.

1.5 Adoptant, au fil du renouvellement des licences, pour les logiciels de bureautique (logiciels de type
Word, Excel, PowerPoint etc.), le logiciel libre comme logiciel d’usage par défaut. Tout ministère et
organisme désirant utiliser un logiciel de bureautique à licence protégée devra alors justifier cette
dépense en fonction de ses besoins réels.

1.6 Augmentant la transparence du gouvernement, dans le respect du droit à la vie privée et de la
protection des intérêts stratégiques, en :

  • Incitant les organismes publics à ordonner leurs informations en bases de données facilement manipulables;
  • Rendant accessible en ligne sur un portail web tout document pouvant être obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information;
  • Rendant accessibles en ligne les tableaux de bord, les indicateurs de performance et autres outils d’aide à la prise de décision mis à la disposition des administrateurs publics;
  • Rendant accessibles en ligne les informations anonymisées que détiennent les systèmes d’éducation et de santé et de services sociaux sur les populations qu’ils desservent;
  • Rendant accessibles en ligne les informations non stratégiques que détiennent les principales sociétés d’État telles qu’Hydro-Québec et la SAQ.

1.7 Donnant un accès WiFi gratuit dans les palais de justice et les édifices gouvernementaux.

1.8 Favorisant le télé-travail au sein de la fonction publique lorsque possible et lorsque cela ne suscite pas d’enjeux de supervision et de sécurité d’information.

1.9 Mettant en place un portail permanent où les citoyens et employés de l’État pourront efficacement faire part de leurs suggestions lorsqu’ils observent des inefficiences dans la gestion des deniers publics.

1.10 Travaillant, à long terme, à la mise en place d’un identifiant citoyen unique à partir duquel chaque Québécois pourrait administrer l’ensemble de ses relations avec l’État et ses organismes (SAAQ, RAMQ, impôts, etc.).

1.11 Mettant à jour les législations afin de permettre l’opération des sites de consommation collaborative (AirBnB, Über, Amigoexpress etc.) en toute légalité tant qu’il ne s’agit pas d’une activité commerciale principale.

1.12 Mettant fin à la concurrence déloyale envers les entreprises québécoises provenant de l’évasion fiscale ayant lieu lors de l’achat en ligne en:

  • Étudiant la possibilité de demander aux intermédiaires de paiement (PayPal, Cartes de crédit, etc.) de percevoir les taxes lors d’un achat effectué sur Internet auprès d’un commerçant qui n’est pas enregistré auprès de Revenu Québec et qui ne retient pas la TVQ;
  • Jouant un rôle de leader afin que l’ensemble des provinces canadiennes et que le gouvernement fédéral se dotent d’une politique similaire


AXE 2 Politique nationale de l’innovation industrielle et des entreprises innovantes

IL EST RÉSOLU QUE

2. Le gouvernement adopte et mette en œuvre une politique nationale de l’innovation industrielle et des entreprises innovantes visant à favoriser l’émergence d’un écosystème propice à l’innovation en :

2.1 Jouant un rôle de leader en rassemblant les milieux académiques, financiers et d’affaires dans l’identification des talents émergents dans le secteur numérique par la mise en place d’un concours d’envergure de type marathon de programmation (hackothon) où les candidats seraient appelés à soumettre des solutions à une série de problèmes qui leur seraient soumis touchant le gouvernement, la société et les entreprises partenaires du concours. Les auteurs des meilleurs projets seraient récipiendaires de bourses, de financement et de mentorat en plus de bénéficier du support d’un incubateur d’entreprises technologiques permettant de les accompagner dans la réalisation de leur projet et dans le démarrage de leur entreprise.

2.2 Améliorant la fibre innovante par l’éducation en :

  • Élaborant un plan de lutte contre l’analphabétisme fonctionnel et numérique, incluant des interventions à toutes les périodes de la vie, de la petite enfance à l’âge adulte;
  • Favorisant l’acquisition de compétences de base en entrepreneuriat et en mettant en place des programmes de type entrepreneuriat-étude au secondaire;
  • Introduisant l’acquisition de compétences de base en programmation dans le cursus scolaire secondaire;
  • Révisant les programmes techniques afin de mieux arrimer la formation aux besoins du marché du travail;
  • Valorisant les métiers techniques et professionnels où un manque de main-d’oeuvre a été identifié;
  • Soutenant, les centres collégiaux de transfert technologique, les bureaux de liaison entreprise-université et les sociétés de valorisation universitaires visant à favoriser la commercialisation des innovations technologiques provenant des établissements d’éducation postsecondaire.

2.3 Révisant les incitatifs fiscaux et le soutien financier offert par le gouvernement en :

  • Mettant en place une politique d’achats favorisant l’utilisation de biens et services innovants développés au Québec ;
  • Réévaluant les crédits d’impôt en recherche et développement afin que ces derniers ciblent les innovations commercialisables et aident davantage certains secteurs clés de l’économie québécoise ;
  • Mettant en place un incitatif fiscal soutenant la robotisation, la modernisation de la machinerie et l’implantation de progiciels de gestion intégrée (ERP) afin d’aider à réduire le retard de productivité du Québec ;
  • Reconsidérant les processus de réclamation des crédits d’impôt existants visant à stimuler les très petites entreprises et en offrant du support à travers les structures existantes, telles qu’Investissement Québec et les CLD, pour les accompagner dans les processus de réclamation lorsque nécessaire;
  • Demandant à Investissement Québec de revoir ses critères de soutien aux entreprises innovantes afin de pondérer davantage les facteurs non fondés sur les ratios financiers tels que le potentiel de mise en marché, la qualité des membres du conseil d’administration et la présence d’autres investisseurs de capitaux de risque dans le projet.

2.4 Demandant à l’AMF de réviser ses règles afin de permettre le financement participatif (crowdfunding) tout en gardant en tête sa mission de protection des investisseurs. Si nécessaire, l’AMF pourrait développer son propre portail pour faciliter le financement participatif en toute légalité.

2.5 Soutenant les efforts de recherche commerciale et de commercialisation des entreprises innovantes en :

  • Travaillant à réduire les obstacles au commerce interprovincial et en travaillant à l’émergence de nouvelles ententes de libre-échange internationales;
  • Multipliant, pour certains secteurs stratégiques de l’industrie québécoise, les missions commerciales;
  • Jouant un rôle de leader dans l’Organisation internationale de la francophonie pour le développement de réseaux, d’échanges et de contenus numériques francophones sur le Web;
  • Offrant aux entreprises en démarrage davantage de support à travers les structures existantes, telles qu’Investissement Québec et les CLD, pour qu’elles puissent bénéficier du support de professionnels lors de certaines étapes clés de leur développement comme la mise en marché, l’analyse de productivité et la protection de la propriété intellectuelle;
  • Consolidant le réseau des parcs technologiques et scientifiques existant au Québec et en développant les systèmes locaux d’innovation;
  • Soutenant les incubateurs d’entreprises innovantes.

2.6 Insérant l’innovation dans nos forces stratégiques et projets d’envergure en cours en :

  • Soutenant l’implantation au Québec de centres de données provenant de grands clients TI internationaux. Notre climat, la disponibilité d’énergie électrique fiable, verte et à faible coût et la sécurité favorisent ce genre de projets. La disponibilité de bande passante et de la main-d’œuvre qualifiée doit cependant être assurée;
  • Insérant, en partenariat avec les milieux académique, financier et d’affaires, un volet de soutien à l’innovation dans le secteur de l’exploration et de l’exploitation des ressources naturelles au Plan Nord ainsi qu’un volet de soutien à l’innovation dans le secteur du développement maritime (Stratégie maritime).

2.7 Incitant les talents venus d’ailleurs à s’installer et à contribuer toujours davantage au Québec en :

  • Offrant aux étudiants étrangers désirant rester au Québec un crédit d’impôt représentant un remboursement partiel de leurs frais de scolarité équivalant à la différence entre les frais de scolarité payés par un étudiant étranger et ceux payés par un étudiant québécois s’ils décident de vivre au Québec pour au moins 5 ans après l’obtention de leur diplôme;
  • Mettant en place un programme d’immigrant inventeur favorisant la venue d’immigrants détenteurs de brevets avec un bon potentiel de commercialisation;
  • Facilitant la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger par les immigrants et la mise à niveau de leurs compétences si nécessaire tout en permettant l’émission de permis
    de pratique restreinte lorsqu’ils ne rencontrent pas tous les critères requis par l’ordre professionnel afin de permettre une intégration rapide au marché du travail;
  • Facilitant et publicisant davantage le processus d’émission des certificats de sélection pour les étudiants étrangers;
  • Valorisant davantage la formation, les qualifications et les compétences dans la grille de sélection des immigrants.

AXE 3 Modernisation des façons de faire dans l’accomplissement des diverses missions de l’État

IL EST RÉSOLU QUE

3. Le gouvernement du Québec modernise ses façons de faire dans l’accomplissement des diverses missions de l’État en :

3.1 Mettant en place un système de gestion des files d’attente et de la prise de rendez-vous par internet dans le système de santé.

3.2 Favorisant l’informatisation du système de justice et la mise en place de cybertribunaux.

3.3 Mettant graduellement en place les infrastructures nécessaires pour permettre le vote en ligne lors des élections scolaires, puis municipales et éventuellement provinciales.

3.4 Rendant publiques les données des sites les plus à risque sur les routes du Québec et en installant davantage de photos radar sur les portions de routes propices aux accidents.

3.5 Mandatant le MAMOT de travailler au développement de la ville intelligente en:

  • Développant des normes d’interopérabilité permettant aux données des outils développés par les villes, municipalités et MRC d’être analysées à grande échelle;
  • Développant des outils de base pouvant être réutilisés par l’ensemble des municipalités relativement à certains enjeux partagés par un vaste nombre de villes, municipalités et MRC au Québec;
  • Accélérant la mise en place d’un outil informatisant le rôle d’évaluation foncière de façon à ce qu’il soit continuellement mis à jour lors de l’émission de permis de construire ou lors de la vente d’un immeuble afin de réduire les pertes fiscales liées à la sous-estimation de la valeur foncière des immeubles entre les mises à jour du rôle d’évaluation foncier.

3.6 Mettant en place un réseau électrique intelligent (smart grid) permettant d’optimiser la consommation d’énergie.

3.7 Optimisant les infrastructures de transport existantes en :

  • Favorisant une meilleure gestion des flux informationnels;
  • Assurant une diffusion de l’information pertinente et efficace auprès des usagers, par exemple en prévoyant la circulation une heure à l’avance pour permettre aux citoyens de s’adapter;
  • Mettant sur pied un centre de gestion des accidents pour avertir simultanément tous les services concernés;
  • Permettant aux citoyens de participer à la gestion des accidents en signalant les accidents et les bris;
  • Offrant des tarifs et des abonnements adaptés pour le transport en commun lors de pics de congestion routière.

3.8 Favorisant la participation citoyenne en :

  • Favorisant la mise en oeuvre de projets où le citoyen est mis à contribution pour transmettre de l’information aux pouvoirs publics, par exemple le programme voisins vigilants;
  • Multipliant les tribunes Web invitant la population à faire part au gouvernement de ses réflexions, commentaires et suggestions, comme pour les travaux de la commission de révision permanente des programmes.

Budget Leitao et vision numérique

À la suite de la publication du premier budget Leitao, Claude Malaison a sollicité l’opinion de quelques personnes du milieu numérique. Voici ma réponse qui fut reprise dans ce billet.

1) Je ne parlerai pas de la réduction des crédits d’impôt. Je laisserai à d’autres, plus touchés par la situation, exprimer leurs craintes ou les avantages qu’ils y voient. Mais il est bien certain que la réduction des crédits d’impôt et l’apparition d’un soutien à la créativité (Fonds créativité Qc) et à l’innovation (allègement FSS) auront un impact dans l’écosystème. Sans doute qu’au niveau local, on verra sans doute quelques acquisitions et/ou fusions d’entreprises fragilisées par la situation, mais sans doute rien de majeur. Au niveau de la concurrence internationale, il faudra voir ce que cela donnera à moyen terme, principalement dans les secteurs hautement sensibles à ces encouragements fiscaux (comme le secteur du jeu).

2) Il est évident que le secteur manufacturier qui a beaucoup souffert au cours des dernières années doit mettre à l’ordre du jour productivité et innovation. Normalement, tout l’effort devrait être mis à stimuler la compétitivité de ce secteur, notamment en encourageant un gain de productivité qui est souvent très lié à l’implication des TI. Plutôt que d’avoir une vision plus positive et stimuler de façon durable le secteur, le gouvernement à préférer le choix de réduire le taux d’imposition. Belle opportunité de manquer pour l’innovation comme priorité chez nos manufacturiers qui visent les marchés internationaux.

3) Bien sûr, encore une fois, comme toujours, aucune indication d’un semblant de stratégie numérique dans le budget. Mais il n’y a pas de véritable déception, car il n’y avait aucune attente. Jamais jusqu’à présent le gouvernement libéral n’avait montré un signe d’intérêt pour définir une telle stratégie ; normal que le budget soit en continuité avec l’absence de vision.

4) Ce qui m’étonne le plus dans tout ce processus budgétaire, c’est que le gouvernement a préparé le terrain durant des semaines pour nous laisser croire des actions radicales et structurantes. En fait, il n’en sort quoi, qu’une formule comptable : «on dépense trop, donc faut couper».

La seule médecine qui s’annonce, en sera une de minceur. Rien n’est changé au niveau des processus organisationnels. Centralisation, hiérarchisation, spécialisation seront toujours au cœur de l’organisation. On remet actuellement en question le filet social que nous avons collectivement décidé de nous donner ; on remet en question l’efficacité de certaines mesures, de certains plans, de certains objectifs, mais rarement on s’interrogera sur l’organisation mise en place pour les réaliser. Au mieux, une pointe de cynisme désabusée et résignée. Pourtant c’est peut-être plus le fonctionnement de cette vaste machine qui devrait être mise en cause que le filet dont nous voulons bénéficier. Et, c’est là l’histoire récente du numérique pourrait nous aider.
On voit généralement la société numérique comme une caricature technologique. Comme si tous les citoyens étaient soudainement rivés sur un ordinateur ou un appareil mobile. Pourtant…

L’évolution numérique de la dernière décennie est riche en enseignement. Il y a une constance remarquable chez les entreprises et organisations qui ont émergé et se sont installées en position de force. Ces entreprises ne révolutionnent pas le marché par un apport technologique imbattable ou un gain de productivité majeure. Ce sont des entreprises qui ont su innover dans le rapport qu’ils entretenaient avec la clientèle. Car il est là l’enseignement premier de notre société numérique en émergence ; ce n’est pas tant la technologie qui fait la différence que le rapport que les entreprises entretiennent avec les usagers, grâce aux possibilités de la technologie. Le point de rupture n’est pas technologique, mais relationnel. Dans le rapport aux usagers ou des usagers entre eux.

Ce changement de paradigme devrait être mis à profit par les gouvernements. Une refonte majeure des relations entre l’État et les citoyens, entre l’État et les entreprises, devrait être opérée. Un peu à la manière des entreprises actuelles qui doivent revoir profondément leur modèle d’affaires pour s’assurer leur passage (et leur survie) dans une société numérique, les gouvernements doivent opérer un changement équivalent dans la relation avec les citoyens, notamment dans la gestion des services. L’usager au centre de l’offre de service.

Pour l’instant, le gouvernement est empêtré dans une vision de l’informatique centralisée à l’ancienne, qui est aussi synonyme de gouffre financier. Toute réflexion sur les technologies de l’information doit avec raison lui donner des crises d’urticaire. Pourtant, c’est au-delà (et même en opposition) de cette conception de l’informatique que l’État doit asseoir sa réflexion.

5) J’aurai espéré que parmi tous les projets de revoir les dépenses et les projets, on aurait consacré un minimum de temps ( et d’argent) à cette réflexion: le gouvernement à l’ère du numérique.
Dans le budget, il n’y a donc pas de trace de stratégie pour favoriser le passage de notre économie à la société numérique, il n’y a pas de plus de traces de réflexion sur comment modifier l’organisation de nos services publics, avec le soutien de la technologie. Il est alors probable que nous revivions dans quelques années un nouveau psychodrame budgétaire, lorsque l’impasse budgétaire aura atteint un nouveau seuil, malgré les coupures dans les dépenses et à cause du ralentissement de notre économie qui peinera toujours et encore à s’adapter.

Appuyons le « Manifeste pour un plan numérique québécois »

Voilà deux ans, à la suite de la publication d’une lettre ouverte de Patricia Tessier (Monsieur Charest – Le Québec a besoin d’un plan numérique), une mobilisation s’était construite autour de l’urgence de se munir d’une politique numérique. Mobilisation qui n’avait pu entraîner des actions concertées concrètes, mais qui illustrait bien combien ces préoccupations étaient largement partagées non seulement par les artisans du milieu, mais aussi par de nombreux groupes affectés par les bouleversements profonds provoqués par la « révolution numérique ».

Deux ans plus tard, peu de choses ont véritablement bougé. Les gouvernements fédéral et provincial restent timides dans leurs actions. Malgré l’urgence grandissante de la question.

C’est sur ce constat que Communautique tente de relancer la discussion avec la publication de son « Manifeste pour un plan numérique québécois ».

Je vous invite tous à le lire, le diffuser et à participer à la discussion.

Pour illustrer la situation, prenons un extrait du rapport :

Pourtant dès 1998, le Québec s’était doté d’une stratégie nationale à l’égard de la société de l’information dont les objectifs ambitieux étaient d’assumer son rôle de «leader parmi les sociétés de l’information» [2]. À l’époque, le Canada pavoisait d’être le second pays de la planète pour le taux de foyers ayant accès à Internet. Aujourd’hui, en ne tenant compte que de la vitesse et du coût, il a glissé au 27e rang sur… 30 pays de l’OCDE [3]. La position du Québec est même plus déplorable vu ses taux de branchement et d’utilisation encore plus faibles.

Il y a un manque évident de leadership de la part de notre classe politique tant au fédéral qu’au provincial. Selon moi, nos actions doivent conduire impérativement à interpeller nos élus pour les sensibiliser et les emmener à prendre les moyens pour relever les défis qui se posent nous. J’aurai sans soude l’occasion de revenir plus abondamment sur la question au cours des prochains jours.

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Autres blogues qui discutent du manifeste:

Martin Lessard: Un plan numérique pour le Québec
Pierrot Péladeau: Manifeste pour un plan numérique québécois
Josée Plamondon: Pour un plan numérique ou « Laissez faire le marché »
Laurent Maisonnave: Canada : Champion du monde de la vidéo en ligne !
Patricia Tessier: Un manifeste pour un plan numérique québécois

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Autre texte publié en février 2009 sur le même sujet : Un plan de développement numérique pour le Québec: que fait-on maintenant ?

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Qui est Communautique: Communautique est un organisme communautaire dont la mission est de soutenir la participation citoyenne en favorisant la maîtrise de l’information, l’appropriation des technologies de l’information et des communications et la contribution à leur développement.

Question de volonté

Ce week-end, Conseil général du parti Libéral du Québec. Gros parti, gros budget, gros membership. Du monde partout en région.

Ce week-end, petite assemblée pour débattre de la question de la décentralisation en région pour le parti Québec Solidaire, tenue à Rouyn. Petit parti, petit budget, membership nettement plus réduit que celui du PLQ.

Je vous laisse deviner qui fournissait à ses membres la possibilité de suivre en direct via Internet.

Étonnant quand même, non ?

Comme quoi, l’utilisation du web en politique pour les bénéfices des membres, n’est pas tant une question d’argent que de philosophie, de principes et de volonté.

Les bénéfices de la crise

CAE vient d’annoncer une coupure de 10% dans ses effectifs. Bientôt, 700 personnes sur le trottoir à ses chercher un nouvel emploi. Effet de crise bien évidemment!

Dans le même temps, CAE annonce une augmentation de son bénéfice net de 9,1% au cours du dernier trimestre. Une augmentation de 30% du bénéfice net au cours de la dernière année financière (presque 200 millions de $).

Ce n’est pas le première fois qu’on lit dans une même nouvelle, hausse majeure du bénéfice et coupe drastique. Ce n’est pas la première fois, ce n’est pas non plus la dernière fois.

Ce qui me fait dire que parmi les plus grands bénéfices de la crise, il y cette facilité soudaine qu’ont les grandes sociétés (et leur division de communication) à faire accepter dans l’opinion publique des messages aussi contradictoires sans que personne ne sursaute, encore moins n’y voit quelque élément immoral.

Il n’y a pas longtemps, la moindre des choses auraient été de séparer les nouvelles. Il n’est maintenant plus nécessaire de faire cette dépense. En temps de crise, il n’y a pas de petites économies… Voilà un des bénéfices de la crise!

La consultation Internet comme auto-justification

Durant la préparation de son budget, le gouvernement du Québec a réalisé une consultation en ligne. Afin de prendre le pouls de la population sur les défis de l’heure tout en alimentant la réflexion du gouvernement sur les choix budgétaires à effectuer, pouvait-on lire.

Plusieurs, dont moi, avaient critiqué la démarche employée. On peut lire une partie du débat parmi les commentaires de ce billet sur le site de Michael Carpentier.

Personnellement, je trouvais que le questionnaire ne répondait pas aux exigences d’une véritable consultation en dirigeant les questions vers des réponses pré-formatées. Comme s’il ne s’agissait que d’un exercice d’auto-justification.

La lecture du discours sur le budget (pdf), présenté hier à l’Assemblée nationale semble confirmer cette impression:

Monsieur le Président,

C’est sur cette toile de fond que j’ai préparé mon troisième budget.

Nous avons beaucoup consulté les Québécois. Près de 4 500 Québécois se sont
exprimés lors des consultations par Internet. Il s’agit d’une participation record.
(page 7)

(…)

Plus de 70 % des participants aux consultations en ligne sont d’avis qu’en temps
de récession, des déficits budgétaires sont nécessaires pour protéger les emplois
et les services aux citoyens. Nous sommes de cet avis.
(page 9)

Je crois que notre culture politique à mal, très mal. Et je déteste qu’on prenne la population pour des idiots, en jouant ainsi sur les mots et les concepts.

Certains espèrent que les nouvelles technologies et le web 2.0 changeront les rapports du gouvernement avec la population. On est loin encore très loin de ce jour.

Un plan de développement numérique pour le Québec: que fait-on maintenant ?

Le CRTC a amorcé, la semaine dernière, ses audiences sur la question de la radiodiffusion dans les nouveaux médias. Il n’y aura pas de surprise à entendre chacun des intervenants prônés réglementation, dérèglementation, tarification, contrôle, laisser-faire, résistance, etc. Toutes les options seront entendues. Toutes bien représentatives de multiples intérêts en jeu, des différents acteurs impliqués par cette évolution des médias.

Et la question est d’autant plus complexe qu’au fédéral comme à Québec, les gouvernements ne sont munis d’aucun cadre d’analyse pour bien comprendre et affronter les impacts de l’évolution d’Internet (et plus largement, du numérique) sur l’ensemble de notre société. On réagit plutôt à la pièce. Ce qui, à la longue, nous donnera une belle courtepointe numérique plus ou moins confortable, et assurément inefficace.

Alors que faudra-t-il pour que nos gouvernements provincial et fédéral prennent le temps d’une vrai réflexion et se dote d’un plan d’ensemble pour faire face à tous ses nouveaux enjeux que nous posent cette évolution du numérique. Ces changements, nos gouvernements veulent-ils la subir ou en tirer bénéfice? Moi comme citoyen, mon choix est plus du côté de l’action. Et vous ?

Alors ne croyez vous pas qu’on pourrait recommencer à talonner les gouvernements, et plus particulièrement celui du Québec pour qu’ils se dotent d’un plan de développement pour une culture et une économie numériques. Débat si bien amorcé à la fin de l’automne dernier.

La lettre

Fin octobre, tout juste avant le déclenchement des élections provinciales, Patricia Tessier, avec le soutien des participants au YulBizz, publiait une lettre au PM du Québec pour dénoncer l’absence d’actions politiques pour corriger l’affaiblissement du Québec dans la nouvelle économie numérique. Les symptômes sont pourtant inquiétants et rien ne montre que nos élites politiques, toutes allégeances confondues, perçoivent la situation. Encore moins ne prennent les moyens pour y faire face.

Elle concluait ainsi sa lettre.

Finalement, il est important que le gouvernement provincial supporte et guide les gouvernements municipaux en matière de politiques numériques. En effet, ces derniers sont des acteurs importants du développement de l’économie numérique locale.

En conclusion, sans actions claires du gouvernement, nous croyons que le Québec court le risque de maintenir son retard et d’être laissé pour compte dans l’économie de demain. Nous vous demandons de planifier, au plus tôt, un exercice de réflexions et un plan de mise en œuvre pour stimuler l’économie numérique au Québec afin que nous puissions, non seulement rattraper le retard, mais devenir une nation qui prendra sa place et se distinguera dans la nouvelle économie.

Plus de trois mois se sont écoulés depuis cet envoi, sans que le gouvernement de Monsieur Charest ne réponde ou n’y fasse écho. Ni le PM, ni aucun des autres élus du gouvernement; ni même de l’opposition. Pourtant blogues, journaux, radio ont largement repris la demande.

Il est loin le temps où le Québec avait un ministre délégué à l’Autoroute de l’information. Il est tout aussi loin le temps où il n’était pas rare de voir un ministre de la culture ou du développement économique débarquer dans une activité publique de l’industrie techno, ou participer à des rencontres privées pour prendre le pouls de ce qui se faisait sur le terrain. Comme si ce qui était considéré enjeu et défi à la fin des années ’90, était devenu tout-à-coup harmonie et évidence. L’avenir est-il si rose et le ciel si bleu?

Pourtant :

  • on n’a qu’à relire la lettre de Patricia Tessier, où quelques chiffres montrent que les défis sont plus devant nous que derrière nous;
  • on n’a qu’à questionner n’importe quel professeur du secondaire, pour comprendre comment Internet avec ses règles de sociabilité et sa densité d’information s’ajoute comme un puissant vecteur d’influence dont on n’a pas encore mesuré tous les impacts;
  • on n’a qu’à regarder comment tout les canaux de diffusion culturelle sont perturbés dans leur fondement (lire modèle d’affaires);
  • on n’a qu’à voir comment le clivage énorme entre un enfant qui est élevé avec un ordinateur dans les mains et l’autre qui n’y aura accès presque jamais via l’école;
  • on a qu’à regarder le décalage entre les compagnies qui n’en sont encore qu’à l’apprentissage du courriel et les autres qui gèrent électroniquement l’ensemble de leur distribution et leur approvisionnement.

On pourrait continuer à l’infini la liste des changements fondamentaux qui s’opèrent dans notre économie, dans nos valeurs, dans nos consommations culturelles. Dans nos façons d’être, de penser, de voir et de nous ’exprimer. Dans notre façon d’être liés aux autres et d’échanger avec eux. Des changements ayant un potentiel incroyable mais composés tout autant d’une somme inouïe de nouvelles fractures sociales, linguistiques et économiques apparaissant chaque jour, entre des individus, des groupes, des régions, des pays.

Est-ce que le gouvernement a pris le parti du laisser-faire ? Pourtant d’autres pays proposent de mobiliser énergies et investissement pour s’assurer que le numérique soit un stimulant économique et social pour leurs citoyens. Juste notre position de petit-marché-francophone-fragile devrait fournir tous les arguments nécessaires aux élus pour justifier de s’attaquer à la question urgemment.

Et maintenant, c’est quoi la suite ?

Car il faudra bien lui faire une suite à cette lettre. Depuis qu’elle est sortie, plusieurs initiatives ont vu le jour : blogue, wiki, liste de distribution. Beaucoup d’énergie, beaucoup d’énoncés de principe, beaucoup de billets dans les blogues. Beaucoup de personnes qui ont manifesté clairement leur position. Assez pour bien montrer qu’une partie importante de l’industrie numérique est prête à la mobilisation. Quelle est la seconde étape ? Vous ne savez pas, moi non plus. Alors que diriez-vous d’en discuter. Des intéressés ?

Personnellement, je crois que le moment est venu d’amorcer une démarche plus structurée. Visant des objectifs clairs. Les moyens et objectifs sont à discuter. Mais ce qu’il m’apparaît évident, c’est qu’en politique, il n’y a pas de génération spontanée d’intentions et de volonté. Si nous croyons à ce que nous proposons, nous ne devons pas juste en discuter dans nos blogues, nous plaindre de l’inertie gouvernementale ou tous les traiter de tristes « cons ». Nous devons amorcer une action plus constructive, plus formelle, plus structurée afin de rendre plus claire et plus forte notre voix.

Toujours selon moi, et je peux me tromper, notre premier objectif devrait être de sensibiliser les différentes instances du gouvernement du Québec, les partis politiques et les élus. Principalement les élus. Pour qu’un projet social prenne forme, corps et vie, il faut des « porteurs de ballon ». Si nous croyons en l’urgence d’un plan pour encourager le déploiement d’une économie numérique vigoureuse au Québec, si nous croyons en la nécessité d’une réflexion sur les différents impacts sociologiques, culturels, éducatifs de l’évolution technologique récente afin d’avoir une vision plus éclairée des enjeux et options qui s’offrent à nous; si nous croyons l’apparition de nouvelles fractures sociales si ces changements ne sont pas bien assumés alors c’est à nous, les acteurs de la première ligne de poser les premiers gestes pour que ceux qui nous représentent comprennent nos demandes et deviennent ces porteurs de ballons dont nous avons besoin.

Et notre conviction devra être profonde et le nombre de ces porteurs de ballon nombreux car un Plan numérique aussi beau et bon soit-il, ne servirait strictement à rien s’il n’est pas inscrit profondément dans le projet politique de nos partis politiques. Vous avez déjà vu des plans se retrouver sur les tablettes sitôt imprimées ? Moi, si. C’est même fréquent.

Alors qui embarque? J’ai eu l’occasion de m’entretenir par téléphone ou directement avec plusieurs personnes qui aimeraient travailler dans le même sens. Si nous étions quelques dizaines tous aussi motivés, ce serait un bon départ. Comment cette démarche prendra forme ? Je ne sais pas. Gardons le principe du 2.0 , l’idée devant le messager, la cause avant le porteur, partageons, collaborons… nous trouverons bien les moyens pour nous faire entendre. En attendant, manifestez-vous, on prendra les noms…

Bien sûr, si des regroupements de l’industrie voulaient participer à cette réflexion, officiellement ou officieusement, la porte est ouverte; votre apport serait même souhaitable. Tout comme si des initiatives similaires à celle-ci avait déjà vu le jour, sans que je le sache, je me ferai un plaisir de me joindre à vous.