Perplexe

Philippe Schnobb se questionne aujourd’hui sur le fait de suivre les blogues durant la soirée électorale :

Bref, je suis perplexe ce matin… Et à la recherche d’une bonne idée pour la prochaine fois…

Je ne crois pas qu’il y ait grand avantage à consommer live les blogues. Ce n’est pas là qu’on mesure le richesse des blogues. Ce qui résulte d’une séance live blogging restera, selon moi, toujours limité. Ce qui ne veut pas dire que l’exercice ne vaut pas la chandelle; mais encore faut-il qu’il y ait du contenu.

J’ai déjà fait, la semaine dernière, une début de réflexion sur les blogues et la campagne ( outils de campage : La guerre des blogues). Un point que je n’avais pas soulevé par contre, mais qui ressort tellement à la fin de cette campagne – et qui est probablement un peu à la base de la perplexité de P. Schnobb : la quasi absence du politique dans la blogosphère québécoise.

Il faut consulter les Blogrolls politiques de Gregory D. Morrow (celui qui, avec DemocraticSpace, nous a tenu en haleine tout au long de la campagne) pour prendre la mesure comment il ne se fait rien ici… comparativement à ailleurs.

Moi aussi, je suis perplexe à la fin de ces élections. Et je pose la question : où sont les bloggeurs politiques du Québec ?

– Est-ce l’outil blogue qui n’a pas encore réussi à s’implanter parmi les personnes intéressées/ interpelées par la politique ?

ou

– Est-ce plutôt que cette absence de blogueurs politiques ne fait que réfléter un désintérêt généralisé (grandissant ?) pour les questions politiques au Québec ?

Élections branchées

Pour moi, la soirée des élections (surtout avec une petite famille), c’est devant la télévision que ça se passera. Pas de rencontres avec d’autres blogueurs comme ici. Pas cette fois.

Mais qui dit télé, dit aussi frustration de ne pas avoir quand on le veut les résultats qui nous intéressent. Qui n’a pas crié au moins une fois à Bernard Derome : Pis mon comté ? L’antidote à la frustation, c’est Internet (vous connaissez ?). Moi c’est un oeil sur la télé, un autre sur l’ordinateur portable (m’en faudrait un troisième pour les enfants). Je cherche allégrement tout au long de la soirée les informations ou les résultats qui alimentent les chauds débats qui ont court à la maison.

Quels sont les outils à notre disposition, cette année:

1. Bien sûr, en tout premier lieu, la voix officielle : le Directeur Général des Élections, avec une section offrant les résultants en direct sous deux formats, par circonscription ou pour tout l’ensemble du Québec

2. Le plus prometteur est sans conteste Radio-canada. Une section résultats configurable où je peux même gérer mes « favoris ». J’ai très hâte de voir si cette cette section remplira ces promesses. En tout cas, n’attendez pas le début des élections pour configurer votre section et avoir à la portée ce qui vous voulez vraiment suivre. Moi, je suis près depuis hier.

3. Cyberpresse aussi a préparé une section spéciale pour ce soir. Une interface flash, lourde et non configurable (dont on verra bien ce qu’on peut en tirer). En collaboration avec la Presse Canadienne.

4. Canoe nous promet des résultats en direct sur quebec2007.canoe.ca. Mais cela risque d’être tout aussi décevant que la couverture des élections. Je me trompe peut-être, à suivre.

5. QuébecPolitique bloguera en direct les résultats des élections : armés d’un ordi, de deux télés, d’un deux litres de Coke et de notre bonne humeur, nous recenserons et commenterons le dévoilement des résultats minute par minute. L’expérience sera à regarder de près.

Cette liste s’allongera probablement tout au long de la journée et de la soirée. Elle sera mise à jour régulièrement.

Aujourd’hui, le vote compte…

Aujourd’hui, tous les scénarios sont possibles. Rares sont les fins d’élections où tant de scénarios sont imaginables : minoritaire rouge, minoritaire bleu, majoritaire; ADQ deuxième, troisième ou même premier. Les analystes armés de leurs algorithmes infaillibles ont du mal à garder leur prévision. Les sondages font et défont l’horizon à chaque jour.

DemocraticSpace, qui prévoyait un gouvernement minoritaire du Parti Québécois, vendredi, (Plq :49, PQ, 51; ADQ, 25), prédit dimanche un scénario radicalement différent.

DemocraticSpacer
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(Accéder au PDF complet de l’analyse de democratic space)

Chaque sondage apporte son scénario de gouvernement. Chaque jour apporte un changement dans la position des pièces. La venue d’un troisième parti dans le paysage électoral bouscule les scénarios habituels. On peut consulter un tableau résumant l’ensemble des sondages de la campagne sur Wikipédia.

Une SEULE certitude, plus que jamais, aujourd’hui LE VOTE DE CHACUN COMPTE

Et demain, avec un gouvernement minoritaire au fédéral et un gouvernement minoritaire à Québec, avec trois partis majeurs au provincial, et quatre partis importants à Ottawa, avec d’autres petits partis plus légitimes que jamais, il serait probablement opportun d’abolir cette grotesque tradition de laisser au Premier Ministre le choix (essentiellement partisan) de déterminer la date des élections. Et de commencer, une fois pour toutes, à discuter d’une forme de suffrage proportionnel et rendre possible les gouvernements de coalition. Peut-être. le cynisme envers les politiciens et les partis baissera-t-il d’un cran.

Tendance lourde minoritaire

Deux nouveaux outils ont été très souvent cités tout au long de la campagne: DemocraticSPACE et Swammer. Deux outils ayant un même objectif, celui d’indiquer les tendances politiques, mais avec des stratégies complètement différents. L’un basé sur la visibilité, l’autre sur la réinterprétation des sondages.

Swammer :

  • recherche toute l’information publiée à propos d’un objet par les médias (cyberpresse, radio-canada…), les sites Web et les blogues,
  • filtre ces informations grâce à des bassins d’information prédéterminés
  • et produit une analyse de tendances en fonction de la visibilité des partis dans le bassin d’information correspondant aux élections législatives québécoises de 2007.
  • L’indicateur Visibility de Swammer analyse toutes communications publiques (Sites Web, médias, blogues…) sur le Web dans des bassins d’information spécifiques (ex : les élections législatives québécoises 2007).

Source : Andreas Möllmann-Lafrenière, Analyste stratégique, Filteris (échange privé).

DemocraticSPACE:

Le modèle mathématique de DemocraticSPACE utilise les cinq derniers sondages nationaux et les superpose grâce à une série d’algorithmes aux résultats réels des dernières élections générales, circonscription par circonscription. Il s’agit d’une projection, ou d’une “photo” de l’électorat actuel, et non pas d’une prédiction. D’autres projections semblables existent.

Source: Tristan Péloquin, Cyberpresse

Ces outils sont relativement récents et leur fiabilité restent probablement encore à prouver. Au-delà des projections que chacun de ceux deux analyses ont pu présenter tout au long de la campagne, il est néammoins intéressant de constater une convergeance très forte dans les courbes d’évolution de leur projection.

 

Les chiffres

Swammer:

Swammer
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DemocraticSPACE:

Swammer
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Les courbes

Swammer
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Le gouvernement minoritaire:

En terme de sièges, DemocraticSPACE montre un resserrement extrême. Avantage en faveur du Parti Québecois en date du 23 mars.

Swammer
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Ce coude à coude des partis politiques et la quasi-certitude d’un gouvernement minoritaire sont discutés par Pierre Drouilly, professeur au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal, et Richard Nadeau, professeur titulaire au Département de science politique de l’Université de Montréal à l’émission Désautels sur les ondes de Radio-Canada.

Journalisme citoyen… de campagne

On a beaucoup parlé des blogues durant cette campagne électorale. On a moins parlé d’un autre phénomène en émergence : le journalisme citoyen.

Pour ceux qui aimerait en connaitre plus, je vous réfère à cette définition sur Wikipédia ou à cet article de Michel Dumais.

Un exemple de journalisme citoyen : Cent Papiers. Couverture nationale, internationale, locale. Les articles rédigés par des citoyens. On y trouve bien sûr une section sur les élections.

Autre exemple de journalisme citoyen: Philippe Martin et Christan Aubry, de Yulbuzz, ont podcasté les candidats de la circonscription de Mercier.

Les candidats ayant accepté de participer à ces entrevues de campagne sont :

Dans un billet précédent, je notais que certains partis politiques ne rendaient disponibles certains de leur clip de campagne que sur Youtube. J’invite ces partis à bien regarder le travail réalisé par Christian et Philippe (avec moins de temps et de moyens que les partis): les videos sont disponibles sur Tonclip.com, sur DailyMotion, sur Google video, sur Yahoo video, en plus d’etre disponible en version audio. Une belle leçon sur les bons usages du partage des fichiers videos.

Vidéos solidaires

Québec Solidaire a ouvert dernièrement une section regroupement leurs vidéos. Cette section multimédia se cache sous l’onglet Engagements. On y trouve 15 vidéos sur les engagements du parti, ou d’appuis de personnalités publiques.

Youtube est plus généreux que Québec Solidaire en matière de vidéos partisanes pour Québec Solidaire (??). Le channel QuebecSolidaire nous offre 34 vidéos de Québec Solidaire.

En fait, en cherchant avec les mots-clés Québec et Solidaire sur Youtube, on peut trouver aujourd’hui 63 vidéos. Probablement plus bientôt; une grande partie de ses vidéos sont récents.

Questions:

  1. Étonnant que ces vidéos ne soient pas accessibles à partir du site de Québec Solidaire. Tout au moins, un hyperlien conduisant au Channel QuebecSolidaire serait à considérer
  2. Étonnant que ces vidéos de Québec solidaire soient hébergés sur Youtube plutôt que sur l’un des sites d’hébergement vidéos disponibles au Québec: Étoiles-du-Web, MonTuyau.com, Radioactif.tv, EspaceCanoe… C’est quand même pas le choix qui manque.
  3. Encore plus étonnant que le Parti québécois fasse le même choix d’utiliser YouTube pour ses vidéos d’appui. Le Channel ValerieMorisset compte 38 clip vidéos. Pourtant, ils ont déjà l’Espace partiquebecois sur Canoe qui rassemble une vingtaine de clips. Cet espace aurait bien pu convenir. Étonnant. Politiquement étonnant!

4. Outils de campagne : la guerre des blogues

Sans conteste, les blogues auront marqué cette campagne. Ils n’auront pas influencé le vote, mais l’expérience qui se dégage de cette première cohabitation blogue-élections au Québec, laisse présager un rôle nettement plus important lors de prochaines élections. Les partis auront probablement beaucoup appris de cette première expérience.

Toute sorte de blogues se sont fait attendre. Blogues de partis, blogues de militants, blogue de consultant en communication plus ou moins associé à certain parti, blogues d’analyse, blogues des journaux dédiés aux élections, sans compter les espaces où les électeurs étaient invités à commenter et échanger sur les élections. Beaucoup de lieux de discussion, d’analyse, de débat, de spin; on a même eu droit en parallèle à une effervescence blogosphérique le soir du débat des chefs. Jamais auparavant, le Web n’a permis autant de chance de s’exprimer.
Les partis auront fait leurs premières armes des blogues comme outils de campagne. Et ils devront méditer sur un drôle de paradoxe : alors que le Parti Québécois et le Parti Libéral créent des blogues sur leur site, tout porte à croire que la « guerre des blogues » sera gagnée par l’ADQ à moins d’un revirement inattendu durant cette dernière semaine.

Je m’explique plus tard. Ne sautons pas les étapes, commençons par regarder ce que font et ne font pas les partis.

Les blogues comme outils de campagnes

Plusieurs analystes ont pu commenter lorsque les blogues de partis ont fait leur apparition. Certains étaient probablement prématurés. On ne commente pas des blogues une première journée de vie avant que le rythme ne s’installe. Il est normal que ceux-ci soient vides.

Le Parti québécois est de tous les partis politiques celui qui s’est engagé le plus à fond dans l’aventure des blogues. Ce parti cherche à présenter un contenu dynamique et à suivre l’actualité. Les billets sont produits par la permanence du parti; un ou des blogueurs anonymes alimentent le blogue au gré de l’actualité… avec l’angle du Parti, il va sans dire. Le Parti Québécois utilise WordPress pour publier son blogue plutôt que Drupal qui est utilisé pour gérer le contenu du site. Les commentaires sont possibles.

Le Parti Libéral du Québec a opté pour une formule de type Vlogues (ou Videoblogue). La stratégie du PLQ étant de miser sur les vedettes du parti en les utilisant dans de courts clips qui sont ouverts aux commentaires. Les clips sont bien sûr réalisés par une équipe de professionnels qui ne laisse rien au hasard; on est loin de l’instantanéité qu’on retrouve généralement dans les blogues. La présentation des clips et l’organisation la section blogue ne dégage pas non plus aucun dynamisme, malgré l’originalité de la formule.

Le Parti Vert est le plus ouvert de tous les partis quant à la participation à la rédaction du blogue. Les signatures sont multiples; candidats, militants. Étrangement, des trois partis qui tiennent blogue, c’est le plus restrictif dans la gestion des commentaires : il faut obligatoirement s’inscrire pour commenter. Pour gérer son blogue, le PVQ utilise Drupal, c’est-à-dire le même CMS que pour la gestion du site. Mais la qualité et la quantité des billets sont décevantes, le manque de ressources et l’inexpérience des responsables sont ici très apparents. Il n’y a rien pour convaincre qui que ce soit, quoique depuis leur dernier changement d’interface (3e depuis le début de campagne), il semble enfin y avoir une accélération de rythme et de pertinence. On ne trouve contrairement aux autres partis, aucune orientation rédactionnelle.

Tant restreindre les commentaires chez les Verts est un drôle de choix éditorial pour un parti qui se veut si jeune et novateur. Les autres partis ont plutôt préféré faire une modération conventionnelle des commentaires nettement plus soft.

Est-ce que Québec solidaire tient un blogue? Là, on entre dans les questions sémantiques. Certains diront oui, la majorité dira non. D’abord, question CMS, le parti utilise, comme le PVQ et le PQ, Drupal. Le parti utilise pour la publication de l’ensemble de ses billets (actualités, billets de candidats, de circonscriptions, etc.) une présentation de type blogue, notamment la chronologie inversée. On serait donc tenté de mettre le tout dans la catégorie des blogues, mais l’impossibilité de commenter les billets – des notes d’actualité aux textes de circonscription – fera dire que ce n’en est pas. Si les billets étaient ouverts aux commentaires, il n’y aurait plus aucune hésitation de qui que ce soit (et il me semble que cela correspondrait plus à sa philosophie de participation et d’ouverture). Par la structure de contenu, le site de Québec solidaire propose, à mon sens, l’organisation la plus adapté à une campagne électorale.

L’Action démocratique du Québec n’a rien sur son site qui puisse s’apparenter de près ou de loin à un blogue. Les seuls contenus sont constitués de communiqués et horaires de tournée empillés les uns sur les autres. Et, bien sûr, aucun espace de commentaire.

Mais le paradoxe : l’ADQ en voie de gagner la guerre des blogues.

Malgré tous les efforts des partis à aménager des blogues et à susciter les commentaires, l’ADQ qui n’a pourtant rien investi sur son site en voie de remporter la guerre des blogues. Surpris? Moi, pas totalement.

Le PQ, le PVQ et PLQ ont concentré leurs efforts et leur investissement à alimenter en contenu les internautes qui se sont présentés sur leur site. Éventuellement, ils ont incité leurs sympathisants à commenter sur les blogues des journaux ou des autres partis (version blogue des escouades qui participent aux lignes ouvertes).

La stratégie « blogue » de ces partis étant orientée principalement sur le contenu de leur blogue, sur la fréquentation de leur blogue et sur les commentaires laissés sur leur blogue, ils ont oublié l’essentiel : en campagne, il ne faut pas parler qu’aux sympathisants, mais il faut rejoindre leurs autres. Et ce n’est pas dans son blogue qu’on les trouvera, mais ailleurs sur le Web. Leur blogue, aussi bien soit-il, se limite à parler aux sympathisants.

Pourtant, qui a fait la manchette dans la blogosphère au cours de la campagne? Les blogues de parti ? Très peu. Ce sont principalement les blogues de « particuliers » sympathisants à l’ADQ qui ont retenu l’attention. Accidentellement ou volontairement, ils ont réussi à faire parler d’eux dans les journaux dans la blogosphère. Sur les autres blogues, dans les blogues de journaux, dans les articles et reportages de journalistes qui suivent l’activité des sites Web. Même dans les articles des journaux, à la radio et à la télévision, les blogueurs adéquistes ont pu faire la manchette.

Stratégie établie ou un accident de parcours? Est-ce que l’ADQ a pu profiter d’une mouvance en sa faveur ou avait préparé le terrain? L’après-campagne nous donnera surement plus de précision.

Une chose est certaine, l’ADQ a pu mobiliser ses sympathisants à prendre la parole directement avec leurs propres blogues. Les PLQ et le PQ ont utilisé les blogues comme zones d’informations et d’interprétation de l’actualité, pour s’adresser à leurs membres, mais n’ont pu susciter une prise de parole autonome forte de leur part.

Malgré le développement des blogues, malgré l’intérêt pour ceux-ci, les partis n’ont compris que l’intérêt des blogues n’est pas dans la production d’information, mais dans la prise de parole. Le sens et la force des blogues tiennent tout entier dans ce geste d’expression.

Pourtant, traditionnellement, les partis connaissent très bien l’importance de se faire entendre. A chaque élection, les partis mobilisent leurs sympathisants à s’exprimer dans les tribunes téléphoniques, dans les lettres aux lecteurs, partout où ils pourront se faire entendre. Mais se faire entendre dans la blogosphère, ça ne veut pas dire se limiter aux commentaires; se faire entendre, c’est à travers et au moyen d’un blogue autonome. Faire des escouades de commentateurs de blogues (par exemple, le soir du débat comme le veut la rumeur) ne fait pas le poids face à plusieurs blogues qui font la manchette, attirent l’attention, donnent une interprétation de l’actualité..

Le Parti québécois, le parti libéral, le Parti vert et Québec solidaire n’ont pas réussi à motiver leurs sympathisants à s’exprimer à travers leurs blogues, ou à ouvrir de nouveaux blogues pour faire l’événement pendant l’élection. Ce qu’a bien réussi l’ADQ.

D’ici la prochaine élection :

  • les partis auront intérêt à mieux travailler sur la mobilisation leurs sympathisants afin que le plus grand nombre s’exprime très ouvertement au moyen de leur propre blogue – même s’ils ne pourront contrôler le message qui circule;
  • le Directeur Général des Élections aura intérêt, lui aussi, à se bien préparer afin de baliser ce nouveau champ de bataille électoral.


Lire la série:

Solde électoral

À méditer:

Paradoxalement, je ne me souviens pas depuis 1960 d’avoir assisté à une campagne aussi monotone, aussi dépourvue de passion et d’enjeux fondamentaux. On dirait une querelle de comptables ou de vendeurs d’autos qui proposeraient en gros le même véhicule et qui tenteraient de nous attirer avec la gamme des options qu’ils offrent.

Les trois grands partis ont choisi le même style de campagne et de message: la capacité de gouverner sans heurts et sans excès, sans bouleversements et sans changements substantiels, comme si le Québec ne souffrait d’aucun problème structurel, comme si la pauvreté n’existait plus, comme si les régions n’étouffaient pas, comme si la nature ne nous menaçait pas d’une terrible vengeance.

(…)

Quand on a le choix entre trois supermarchés pour faire ses courses, on n’a pas l’impression de prendre une décision cruciale en entrant chez IGA plutôt que chez Métro. Si le solde de printemps de Rona semble plus alléchant que celui de Canadian Tire, on va chez Rona sans états d’âme. C’est avec cette légèreté d’âme qu’une bonne partie de l’électorat envisage aujourd’hui le choix du 26 mars. Personne ne pense que sa vie est en jeu. Puisque les chefs paraissent interchangeables, pourquoi ne pas choisir celui qu’on n’a jamais essayé et qui ne semble pas plus méchant que les autres?

Tiré de : La renaissance de l’Union nationale par Gil Courtemanche, Le Devoir (samedi 17/03/2007)