La consultation Internet comme auto-justification

Durant la préparation de son budget, le gouvernement du Québec a réalisé une consultation en ligne. Afin de prendre le pouls de la population sur les défis de l’heure tout en alimentant la réflexion du gouvernement sur les choix budgétaires à effectuer, pouvait-on lire.

Plusieurs, dont moi, avaient critiqué la démarche employée. On peut lire une partie du débat parmi les commentaires de ce billet sur le site de Michael Carpentier.

Personnellement, je trouvais que le questionnaire ne répondait pas aux exigences d’une véritable consultation en dirigeant les questions vers des réponses pré-formatées. Comme s’il ne s’agissait que d’un exercice d’auto-justification.

La lecture du discours sur le budget (pdf), présenté hier à l’Assemblée nationale semble confirmer cette impression:

Monsieur le Président,

C’est sur cette toile de fond que j’ai préparé mon troisième budget.

Nous avons beaucoup consulté les Québécois. Près de 4 500 Québécois se sont
exprimés lors des consultations par Internet. Il s’agit d’une participation record.
(page 7)

(…)

Plus de 70 % des participants aux consultations en ligne sont d’avis qu’en temps
de récession, des déficits budgétaires sont nécessaires pour protéger les emplois
et les services aux citoyens. Nous sommes de cet avis.
(page 9)

Je crois que notre culture politique à mal, très mal. Et je déteste qu’on prenne la population pour des idiots, en jouant ainsi sur les mots et les concepts.

Certains espèrent que les nouvelles technologies et le web 2.0 changeront les rapports du gouvernement avec la population. On est loin encore très loin de ce jour.

Faire un don… en ligne

Le Temps de Fêtes est un moment de retrouvailles familiales, de réjouissance véritables ou commerciales (ou les deux), de vacances, de résolutions, de quelques bilans personnels. C’est aussi un des moments les plus importants de l’année pour les organismes de charité. Les guignolées et autres campagnes se multiplient pour ramasser nourriture, vêtements et argent.

Pourtant, au Québec la générosité est un peu paresseuse. On se rappellera de l’étude Generosity in Canada and the United States (PDF) publiée en décembre 2007, qui indiquait que le Québec obtenait une classement gênant dans l’indice de générosité face aux autres provinces et états américains. Pourtant, ce ne sont ni les besoins, organismes et possibilités qui manquent.

Voici donc pour faciliter la vie de chacun, une courte liste très très loin d’être exhaustive d’organismes de charité québécois qui acceptent les dons en ligne. Vous n’avez plus d’excuses!
 

 
CENTRAIDE : don en ligne
MOISSON MONTRÉAL : don en ligne
FONDATION QUÉBÉCOISE POUR LES ENFANTS MALADES DU COEUR : don en ligne
CLUB DES PETITS DÉJEUNERS DU QUÉBEC: don en ligne
CROIX-ROUGE CANADIENNE don en ligne
GRANDE GUIGNOLÉE DES MÉDIAS: don en ligne
OPÉRATION ENFANT SOLEIL don en ligne
JEUNESSE AU SOLEIL: don en ligne
LES AUBERGES DU COEUR don en ligne
SOCIETE DE SAINT-VINCENT DE PAUL don en ligne
 

Si aucun de ceux-ci ne vous convient pas, allez sur CANADON. Vous pourrez y retrouver plus de 83 000 organismes de bienfaisance canadiens, utilisant leur système de donation en ligne. Voici un petit échantillon d’environ 200 organismes du Québec impliqués dans les questions sociales, et qui apprécieraient bien vos dons en ligne.

Si le paiement par carte de crédit n’est pas votre tasse de thé, qu’à cela ne tienne, Desjardins fournit la liste des organismes admissibles au don via ACCESD.

Et si vous êtes blogueurs et que vous aimeriez mettre à profit votre audience au service des plus démunis , inspirez-vous de l’initiative exemplaire de Michael Carpentier qui a mis des bannières publicitaires sur son blogue, afin de reverser les profits à certains de ses organismes de charité. Bientôt, un nouvelle guignolée des blogueurs devraient aussi voir le jour.

PS. : Il n’est pas nécessaire d’attendre le temps des Fêtes, ou un quelconque cataclysme pour donner. Les besoins sont à longueur d’année. Alors, donnez aujourd’hui, donnez encore bientôt… et donnez régulièrement!

Vous cherchez une bonne raison de voter ?

Il y a du bon dans chaque crise. Et la crise politique fédérale nous a rappelé très concrètement que chaque vote était important.

On annonçant son intention de couper les subventions aux partis politiques, le gouvernement Harper nous a rappelé le chemin parcouru pour assainir les moeurs politiques au Canada et au Québec. Chaque vote compte, dit l’adage. Oui, et pas juste pour élire le député. Chaque mois, chaque vote compte et fait la différence dans la trésorerie des partis.

Alors si vous doutez de l’importance de votre vote, si vous doutez de la pertinence de voter pour un tiers-parti-qui-vous-représente-mieux-mais-qui-n’a-pas-de-chance-de-se-faire-élire, rappelez-vous que chaque mois, grâce à ce petit vote, ce parti sera mieux armé pour défendre vos convictions. Juste parce que vous lui aurez accorder un vote, un tout petit vote.

Petit rappel: au provincial, l’allocation aux partis politiques est de 0,50$ par électeur.

Voici le tableau de la répartition des allocations à la suite des dernières élections. Alors si vous hésitez à voter parce que votre vote ne fera pas de différence sur qui sera élu, rappelez-vous: ce vote fera toujours une différence… chaque mois.

Allocations partis politiques QC - DGE
Source : Directeur général des élections du Québec

Les pancartes électorales se transportent sur Twitter

Pancartes électorales sur TwitterEncore une fois, Québec Solidaire innove durant cette campagne.

Cette fois-ci, c’est en invitant leurs sympathisants à porter une petite bannière aux couleurs du parti avec la mention « Vote QS ». Simple et efficace. Ça rend l’intention de vote transparente, claire et porteuse pour qui veut défendre clairement ses opinions.

Cela n’a prit que quelques minutes pour voir apparaître une bannière aux couleurs du « Vote PQ ». Est-ce que cela fera boule de neige ? Je doute de voir des bannières rouges. Peut-être des vertes, par contre.

Voilà donc arrivée l’ère des Pancartes 2.0. 😉

Nettement plus écolo que celles qu’on met habituellement sur son balcon.

MAJ: On peut aussi lire le billet de l’un des instigateurs de cette initiative.

MAJ #2 : Un billet de la pancarte bleue.

Changement de stratégie au PQ: mais où est le blogue ?

Lors d’un échange aujourd’hui avec le Twitteur fantôme du Parti Québécois, il y eu cette réponse énigmatique à ma question sur ce qu’il adviendrait de blogue du PQ, laissé en friche depuis juin :

QuebecGagnant @ywilliams Nous vous concédons très facilement que ce blogue a peu vécu ces derniers temps. Son sort sera réglé d’ici peu. (ref. twitter)

Je m’attendais à une reprise en main rapide. Que non!

Dans la nouvelle mouture du site de campagne mise en ligne en soirée, le blogue est complètement disparu. Nouvelle stratégie ou délai de livraison? Nous le saurons bientôt.

À suivre…

« Joe le plombier » peut-il exister au Québec ?

Pendant la campagne électorale américaine, un citoyen ordinaire a pris une place importante dans les discussions politiques. Du jour au lendemain, il est passé d’inconnu à référence dans les discours et messages publicitaires. Au Québec un tel phénomène pourrait-il se produire ? Probablement que non. Nos partis politiques contrôlent trop le message. Une « com » rigide, où rien ne dépasse.

Vous vous souvenez lors de la dernière élection de Richard Lévesque, ce travailleur qui avait apostrophé Jean Charest ? Probablement que non. Sous d’autres cieux, les partis d’opposition auraient construit rapidement des tactiques d’enfer pour porter haut et fort ces simples inquiétudes légitimes, partagées par tant d’électeurs. Ici, aucun parti d’opposition n’a pris le flambeau. Aux États-Unis, Samuel J. Wurzelbacher est devenu Joe the Plumber, ici Richard Lévesque est resté Richard Lévesque.



 

Clip: viralité et efficacité

Le clip Culture en péril fait beaucoup de vagues. On en parle sur toutes les tribunes, dans tous les espaces publiques. Deux choses se dégagent:

– c’est la première fois qu’un groupe réussit à utiliser aussi fortement les techniques de propagation virale. La puissance de tir est unique, jamais aucun clip n’a atteint en si peu de temps un taux de pénétration aussi important au Québec;

– ce n’est pas parce qu’un tel clip devient populaire et vogue sur une vague virale sans précédent que les arguments passent, que les arguments convainquent. Viralité n’est pas synonyme d’efficacité.

 

Culture en perilLa force du virale

Faisons un petit exercice de calcul et regardons ce que représente l’impact du clip Culture en Péril. Mercredi soir, en moment au j’écris, le clip a été visionné plus de 450 000 fois (versions courte et longue additionnées). Et cela en moins d’une semaine. Auquel on doit ajouter plus d’une centaine de milliers de visionnements supplémentaires provenant de tous les autres membres sur Youtube qui distribuent aussi le clip (ex. : JP131313JP, Miroirmirror ), et un autre 100 000 provenant d’une version sous-titrée qui a été mis en ligne durant le w-e. Donc plus de 650 000 visionnements, seulement à partir de la diffusion sur Youtube. Est-ce beaucoup ? Oui, c’est énorme.

Qu’est-ce que cela représente? Établissons une comparaison avec les partis politiques. Depuis le début de la campagne combien de visionnements ont-ils réussi à cumuler?

Bien sûr, vous me direz que les partis ne mettent pas tous leurs vidéos sur Youtube. Bien sûr. N’empêche, que ce clip dépasse à lui seul la totalité des visionnements de l’ensemble des partis qui s’y trouve…. Et la vie active de ce clip n’est pas terminée. Et espérons que la vie des clips des partis ne le soit pas non plus.

 
Suivre l’évolution du clip Culture en Péril

Ce tableau comprend le cumulatif de la version courte et la version longue, et se met à jour automatiquement chaque jour.

 
Viralité et efficacité

À quoi tient une telle popularité ? À plusieurs facteurs. Certes à la qualité de sa production (drôle, rythmée, efficace), à la popularité des personnes qui y figurent (les comédiens qui y jouent inspirent une certaine crédibilité). Quoi d’autres ? Le timing, bien sûr, propice à une telle attention (la période électorale représente un timing à la fois émotif, opportuniste et … périlleux).

Est-ce tout, bien sûr que non! Des bonnes productions même durant une période favorable n’ont jamais dépassées le stade du décollage. Le viral est un animal capricieux.

Pour qu’il y ait viralité, il faut des relais de diffusion. Tout bon virus à besoin de vecteurs de propagation. pour s’étendre. C’est idem pour la viralité d’un clip. Plus forts, puissants, crédibles sont ces relais, plus intense sera la dissémination. Qui sont les vecteurs de propagation qui ont favorisé l’explosion de ce clip : le monde des médias, du journalisme et de la culture, immédiatement touché et concerné par le contenu du clip. Journalistes, artistes, animateurs de médias ont largement contribué à lancer le mouvement viral. Forte et rapide exposition. En plus d’y ajouter une grande crédibilité.

Une fois partie, la viralité peut s’alimenter d’elle-même, sa pénétration étant forte. Personnellement, Il y a longtemps que je n’avais reçu autant de courriers m’invitant à vite-vite-vite aller voir la vidéo. La vague semble profonde, la diffusion pourrait durer encore un bon bout de temps.

 
Le revers de la médaille

Ce clip passera à l’histoire. Il sera connu comme celui ayant eu la plus rapide vitesse de propagation, et sans doute la plus large diffusion. Jamais aucun clip produit au Québec et distribué sur Youtube, n’avait fait couler autant de bruit ou fait parler autant de lui à la télé ou à la radio. Aujourd’hui, il faut être complètement déconnecté des élections pour ne pas en avoir entendu parler.

Mais une question se pose. Est-ce que le clip atteindra son but et mobilisera la population autour de ses arguments ? Réussira-t-il à marquer autant points dans l’électorat que le nombre de visionnements le laisse croire ? Rien n’est moins sûr. En fait, à lire les commentaires, éditoriaux, lignes ouvertes, on serait presque tenté de croire le contraire. Un peu comme si une partie de la population indifférente à la culture et aux artisans de son industrie, s’était tout-à-coup senti interpellé, et manifestait une vive opposition. Il y a longtemps qu’on avait entendu autant de commentaires dénonçant les subventions dans le domaine de la culture, exprimés avec autant de cynique et même de hargne à l’endroit des artistes.

Un paradoxale phénomène par lequel ce clip qui devait mobiliser la population autour de la défense de la culture (et des subventions), tout à coup donne sens, voix et TRIBUNE à tous ceux qui n’en ont rien à faire de cette culture. Ils ont tout à coup le prétexte et les lieux pour le dire.

Ce clip aura fait la démonstration que VIRALITÉ et EFFICACITÉ ne vont pas nécessairement de pair.

Comment expliquer ce phénomène ? Difficile pour l’instant de se prononcer. C’est prématuré. Dans quelques semaines peut-être! Après les élections, lorsque la vidéo aura terminée sa vie utile, on verra peut-être mieux. Mais je pose tout de même l’hypothèse que l’absence de « porte-paroles crédibles », directement associés à la production du clip crée un vide immense dans l’interprétation du message du clip.

Nous aurons surement l’occasion de revenir sur le sujet, j’en suis certain.

À lire aussi le billet de Martin Lessard : Culture en péril – Analyse du phénomène.

Gaspillage démocratique

Fin de la 1ère semaine d’une bien drôle de campagne.

– où les Conservateurs ont décrété des élections sous prétexte d’un gouvernement devenu ingouvernable allant à contre-sens de l’esprit de leur toute nouvelle loi qui fixait des élections à date fixe (pour éviter justement ce genre de scénario!);
– où les Conservateurs, minoritaires de leur état, pour ne pas apeurer l’opinion font croire qu’il ne veulent qu’être encore minoritaires;
– où les libéraux semblent aussi motivés que du bétail qu’on conduit à l’abattoir;
– où le Bloc a comme pires ennemis ses alliés naturels;
– où le NPD reste comme à leur habitude… bien sympathique.

On s’étonnera que le cynisme monte d’un cran chez les électeurs. On s’étonnera que le taux de participation sera faible.

Tant de choses majeures à discuter et à gérer. Cette 1ere semaine de campagne m’apparaît comme un grand gaspillage de démocratie.

Avec la crise financière qui se montre le bout du nez, les agendas politiques de nos politiciens seront probablement modifiés. Espérons que ce soit pour le mieux.

 

ElectionsTube

La campagne est à peine commencée qu’on voit apparaître en quantité les vidéos sur Youtube.

Tous les partis y sont depuis déjà quelques temps. On peut y retrouver discours, publicités électorales, et ainsi que quelques inédits. Voici la liste des chaînes officielles des partis sur Youtube:

En plus de tous ces vidéos « retenus et payés par l’agent officiel du parti », on trouve bien sûr une multitude de vidéos, tantôt bien fait, tantôt de mauvais goût produits par des citoyens qui ne sont pas rattachés officiellement à l’un ou l’autre des partis. Je vous laisse les trouver. Ils sont facilement à trouver. Un ou deux mots clés suffit.

On verra comment Élections Canada réagira à l’entrée dans la campagne de tous ces nouveaux acteurs.

En amuse-gueule, je vous offre un vidéo pris totalement au hasard.

[youtube]SQPTV1NEggs[/youtube]