Depuis quelques jours, vous avez lu quelques bribes sur notre projet de sonder la vision politique des porte-paroles numériques des 4 principaux partis engagés dans cette élection provinciale. Je publie ici la liste des questions préparées avec l’aide de Clément Laberge et de Martine Rioux. Ceux-ci publieront aussi sur leur blogue ces mêmes questions avec leur propre présentation du projet conjoint.
RAPPEL
En 1995, lors de l’allocution de présentation du rapport sur l’autoroute de l’information, qui allait marquer les premiers pas du gouvernement du Québec dans le monde numérique, Jacques Parizeau lançait cette phrase : « Il faut se brancher pour construire, et non pour subir, la révolution du savoir ». Il soulignait ainsi l’exigence pour tout gouvernement d’être à l’avant-scène de l’initiative et de l’action s’il souhaite insuffler une direction aux transformations qui traversent nos sociétés. En 2018, plus que jamais, la transformation numérique fait son œuvre; et l’exigence d’être alerte face aux changements sociaux qui en découlent est toujours à l’ordre du jour. Nos partis politiques sont-ils bien outillés pour faire face aux défis numériques qui se dressent devant nous?
Depuis le début de la campagne électorale, l’avenir numérique du Québec n’a pas eu la chance de prendre beaucoup d’importance dans l’agenda électoral. Pas autant que nous aurions pu l’espérer, du moins. Pourtant, cette année, nous avons la chance de compter parmi les candidats des personnes ayant développé une expérience solide et diversifiée face aux défis de la transformation numérique. Malheureusement, le déroulement de la campagne ne leur a pas permis de mettre de l’avant la vision numérique qu’ils seraient en mesure de déployer.
À travers notre démarche, nous avons voulu leur offrir une tribune à ces candidats pour mieux nous éclairer sur ce qui les anime et mettre en valeur ce qui les différencie. Martine, Clément et moi avons préparé un court questionnaire remis aux 4 porte-paroles numériques, en les invitant à nous répondre par écrit. Chacun à son rythme et selon son horaire; sans les contraintes des débats contradictoires.
Nous avons donc conçu ces questions comme des tremplins pour les aider à illustrer la philosophie politique à l’égard du numérique au Québec qui sous-tendra leurs actions lorsqu’ils auront à faire des choix, une fois élus.
QUI
Ont reçu les questions soit directement ou via leur attaché de presse :
- Mario Asselin (CAQ) – candidat de Vanier-Les Rivières
- Dominique Anglade (PLQ) – candidate et députée de Saint-Henri-Sainte-Anne, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, ministre responsable de la Stratégie numérique
- Michelle Blanc (PQ) – candidate de Mercier
- Vincent Marissal (QS) – candidat de Rosemont
COMMENT
Les questions ont été distribuées voilà maintenant une semaine. Il n’y a pas d’échéance pour la production des réponses; nous sommes très bien conscients des contraintes auxquelles sont confrontées les candidats. Chacun a reçu comme information qu’aujourd’hui, le mardi 18 septembre, les questions seraient rendues publiques et qu’au cours des prochains jours seront publiées les réponses, au fur et à mesure de leur réception.
Huit thématiques composent le questionnaire. Mais nous avons demandé aux candidats de ne répondre qu’à 5 d’entre elles; celles qui leur permettront de mieux exprimer leur vision politique du numérique.
VOTRE PARTICIPATION
Nous invitons la communauté numérique à partager les questions et les réponses, ainsi qu’à les commenter sur l’un ou l’autre de nos blogues (ici, ou sur le blogue de Martine ou sur le blogue Clément), ou sur vos réseaux sociaux préférés.
Nous vous invitons aussi à utiliser le hashtag: #visionnumerique.
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LES QUESTIONS
A – INNOVATION
L’innovation est au cœur des discussions lorsqu’on parle de l’avenir numérique. Tout le monde y est favorable.
Sauf que quand de nouvelles pratiques économiques émergent à la suite de certaines innovations, les pouvoirs publics peuvent se trouver rapidement démunis.
On a qu’à penser à la difficulté du gouvernement à se faire une opinion sur la meilleure stratégie à prendre face à Uber. La question est d’actualité, car le projet-pilote qui devait durer une année (et qui en a finalement pris deux) arrive à terme en octobre, tout juste après les élections.
Que proposez-vous pour que les beaux discours en faveur de l’innovation ne s’évanouissent pas chaque fois que que l’innovation se transforme en très profonds et très rapides bouleversements sociaux ou industriels?
B- STRATÉGIE NUMÉRIQUE ET ADMINISTRATION PUBLIQUE
On entend beaucoup d’insatisfaction par rapport à la manière dont l’administration publique a intégré les technologies numériques jusqu’à présent. L’administration publique qui n’est pas particulièrement reconnue pour son agilité, sa transparence et son innovation. Est-ce justifié selon vous? Pourquoi? Quel geste faudra-t-il poser pour transformer le fonctionnement de l’État de manière à ce qu’il utilise plus efficacement le numérique?
[Question au PQ, à la CAQ et à QS]
Le gouvernement a déposé une stratégie numérique en décembre dernier. Ce document sera-t-il un point de départ pour votre action ou envisagez-vous déjà de mettre cette stratégie de côté pour établir de nouvelles orientations prioritaires? Le cas échéant, quelles seraient-elles?
[Question au PLQ]
Vous avez présenté la stratégie numérique en décembre. Comment évaluez-vous à ce stade l’atteinte de vos objectifs de transformation numérique? Comment comptez-vous aller plus loin si vous formez le prochain gouvernement?
C- ACCÈS À L’INFORMATION
C’est pas mal unanime: la loi d’accès à l’information, et les processus qui lui sont associés, sont de plus en plus désuets — et les plus récentes tentatives de mise à jour se sont soldées par un échec.
Dans ce contexte, ne serait-il pas plus simple de définir par une loi-cadre qui précise que que tous les documents produits par l’État québécois doivent être publics et accessibles sans restriction dans un délai raisonnable, à moins de justifications explicites? Et sinon, pourquoi?
En complément, y a-t-il un lien, de votre point de vue, entre la loi d’accès à l’information, une politique de données ouvertes et l’utilisation de logiciels à codes sources ouverts/libres par l’administration publique?
D- COMMERCE EN LIGNE
Le défi du commerce en ligne est complexe. Les difficultés actuelles ne tiennent pas seulement dans la timidité des commerçants locaux à faire le virage qui s’impose pour suivre leur clientèle. Le défi tient aussi à la concentration très forte dans le commerce en ligne dans les mains de quelques gros joueurs. Ex. 50% du commerce en ligne américain passe présentement par la plateforme Amazon.
Doit-on encourager en priorité la transformation numérique des commerçants par programmes d’accompagnement, de transfert de connaissances (et de compétences) avec un plus grand soutien financier?
ou
Doit-on plutôt encourager en priorité des solutions innovantes (privées ou publiques) qui misent sur la mutualisation de ressources et de services pour offrir aux commerçants des environnements logistiques qui les rendraient plus concurrentiels ?
ou
Doit-on au contraire laisser les entreprises s’adapter en fonction des forces du marché?
E- CULTURE
Croyez-vous que le numérique sera globalement positif ou négatif pour les créateurs québécois? Il s’agit plutôt d’une menace ou d’une opportunité pour notre culture nationale?
Dans ce contexte, comment les nouvelles formes de diffusion des produits culturels reconfigurent-elles notre identité culturelle? Doit-on revoir notre façon de penser et définir notre culture nationale?
Faut-il modifier les systèmes sur lesquels s’appuient nos industries culturelles (quotas, subventions, crédits d’impôt, etc.) pour tenir compte de cette nouvelle réalité?
F- DÉMOCRATIE
Nous sommes face à un étrange paradoxe : celui d’une société instruite comme jamais dans l’Histoire, mais en pleine crise de confiance face au pouvoir politique et ses institutions. Cela, malgré tous les outils de communication et de réseautage à notre disposition.
Comment le numérique peut favoriser l’engagement et la participation positive des citoyens dans la vie démocratique?
Comment la transformation du fonctionnement de l’État peut-elle aider à réduire cette crise de confiance?
G- ÉDUCATION
Un peu partout à travers le monde, on voit se multiplier de nouvelles institutions d’enseignement (principalement privées), de niveau collégial et universitaire.
Est-ce une bonne idée pour le Québec de répondre à cette tendance avec un service concurrent (type eCampus)? Pourquoi?
Et si, oui, quels devraient être les objectifs de ce service? Quelles priorités devraient guider son développement?
H. DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
On parle peu de numérique et de développement régional, sauf en matière d’investissement pour l’emploi. Comment l’utilisation des technologies numériques peut-elle contribuer à soutenir et raffermir les économies régionales?
Concrètement, comment la mise en réseau d’informations, de ressources, de fournisseurs, de données, etc, pourrait créer de nouvelles opportunités économiques? Si oui, de quelle façon croyez-vous pouvoir soutenir ce type d’innovation? Quel rôle le gouvernement devrait-il avoir dans l’initiation de projets structurants qui pourraient consolider les économies locales?
Croyez-vous que le travail à distance et le travail autonome sont des alliés du développement régional? Si oui, comment proposez-vous d’agir pour soutenir le développement de ces nouvelles formes de main d’œuvre?
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